Le bonheur et le manque de chance
« Puisse chacun avoir la chance de trouver justement la conception de la vie qui lui permet de réaliser son maximum de bonheur. » (Friedrich Nietzche)
3 : Comment être heureux quand la chance ne nous sourit pas ?
Il n’est pas rare de rencontrer une personne qui va dire que dans la vie elle n’a jamais eu de chance. S’ensuit à cette affirmation une kyrielle de preuve qui va mettre en échec tous les petits moments de bonheur qui ont été vécus par la personne concernée.
C’est souvent le cas des personnes qui vivent une dépression chronique, de celles qui repoussent sans fin leur responsabilité personnelle dans ce qui leur arrive, de celles qui n’ont pas su faire de l’échec une opportunité de réussite …
C’est également le cas pour ces personnes qui voient toujours ce qu’elles n’ont pas ou ne parviennent pas à se réjouir de ce qu’elles ont.
Croire que si nous avons de la chance nous accédons au bonheur est une illusion qui peut conduire à rester malheureux toute notre vie.
Relier la chance à notre aspiration au bonheur conduit inéluctablement à vivre à côté des bonnes choses que nous donne la vie. « Le bonheur, c’est pas pour moi, la preuve par 10 … »
- J’ai cru que la chance allait pour une fois être de mon côté … je me suis trompé/e !
- J’ai vraiment pas de chance … tout ce que j’essaie de faire me conduit à l’échec !
- J’aurais voulu décrocher ce job … la chance n’était pas avec moi !
- Voilà des années que j’essaie de me sortir de ce problème … je n’ai pas eu la même chance que ceux qui s’en sont sortis !
- La chance, c’est pour les autres, en ce qui me concerne, elle me passe toujours sous le nez !
- On n’a vraiment pas eu de chance durant nos vacances … 12 jours de pluie, 2 jours mitigé et 1 jour de soleil !
- J’ai pas de chance dans mes relations, à chaque fois que je crois que ça ira bien je m’aperçois que je me suis trompé/e de personne !
- Quand je vois ce que vit mon voisin, ma voisine, je me dis qu’il, qu’elle a une chance que je n’ai pas !
- J’obtiens toujours le contraire de ce que je demande, à croire que la malchance me poursuit !
- C’est pas ma faute si je suis malheureux/se, que voulez-vous, j’ai jamais eu de chance dans ma vie !
Croire qu’il faut avoir de la chance pour accéder au bonheur est le meilleur moyen de ne pas nous engager dans notre vie.
Il est cependant vrai que la chance peut devenir une aide non négligeable dans certaines situations, mais, en y regardant de près, comme le dit le proverbe : le bon pain n’arrive pas tout cuit dans notre bouche !
Comment agir lorsque nous sommes face à une personne qui relie sa recherche du bonheur à la chance qu’elle a ou n’a pas ?
Voici quelques pistes qui peuvent éclairer votre manière d’écouter et d’accompagner la personne.
J’ai cru que la chance allait pour une fois être de mon côté … je me suis trompé/e !
-
Fait-elle partie des personnes qui aimeraient bien « ressembler » à un idéal qu’elle s’est fixée ?
-
Ce qu’elle désirait tant, était-ce, vu la situation, réalisable ou non ?
-
Etait-elle vraiment prête à vivre le changement nécessaire pour aller dans le sens qu’elle désirait ?
Note : Poursuivre un idéal ou chercher à ressembler à un idéal qui est attirant, n’est pas tout à fait pareil.
J’ai vraiment pas de chance … tout ce que j’essaie de faire me conduit à l’échec !
- Reconnaître que la personne se vit dans un sentiment d’échec avant de l’aider à percevoir ce qu’elle a déjà réussi dans sa vie.
- Quels sont les potentialités, les qualités et/ou les ressources qui pourraient permettre de réussir autrement ?
- Quels sont les principaux facteurs qui ont conduit au sentiment d’échec et sur quoi faut-il à l’avenir porter une attention pour que celui-ci ne se reproduise pas ? (Un manque de confiance en soi conduit bien souvent au sentiment d’échec)
J’aurais voulu décrocher ce job … la chance n’était pas avec moi !
- Quelles sont les motivations pour continuer la recherche d’un travail qui correspond à la personne ?
- Aider à percevoir le réel tel qu’il se présente, surtout si celui-ci dans une réalité de forte demande d’emploi ou si la personne entre dans un entretien d’embauche en étant d’avance défaitiste.
- Consolider sa confiance en l’avenir.
Voilà des années que j’essaie de me sortir de ce problème … je n’ai pas eu la même chance que ceux qui s’en sont sortis !
- Comment la personne essaie-t-elle de se sortir du problème ? (Certaines personnes attendent que ce soient les autres qui changent et non pas elles. D’autres se positionnent plus en victime et attendent qu’un miracle se produise. Dans un cas comme dans l’autre, il ne sert à rien de dire qu’elles ne font pas grand-chose mais de les aider à prendre conscience de leur part de responsabilité).
La chance, c’est pour les autres, en ce qui me concerne, elle me passe toujours sous le nez !
- Où se cache la lampe d’Aladin ? Et, que devrait-elle réaliser si elle existait ?
On n’a vraiment pas eu de chance durant nos vacances … 12 jours de pluie, 2 jours mitigé et 1 jour de soleil !
- Oui, pas marrant du tout, surtout si vous dites haut et fort que vous avez choisi une destination qui vous a permis de vivre 15 jours sans une goutte de pluie !
J’ai pas de chance dans mes relations, à chaque fois que je crois que ça ira bien je m’aperçois que je me suis trompé/e de personne !
- Qu’est-ce que la personne recherche dans la relation ? (Parfois, les besoins d’attention ou de reconnaissance sont si forts qu’ils font fuir ceux qui s’en approchent).
- Est-ce que la personne est prête à donner ou attend-elle surtout de recevoir ?
- Pourquoi recherche-t-elle toujours certains types de relations et pas d’autres ?
Quand je vois ce que vit mon voisin, ma voisine, je me dis qu’il, qu’elle, a une chance que je n’ai pas !
- Qu’est-ce qui est sous-jacent ?
- On dit que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin … mais quelles sont les fleurs qui fleurissent dans son jardin ?
- La comparaison est souvent le résultat d’une frustration importante et d’aspirations qui ne sont pas nommées.
J’obtiens toujours le contraire de ce que je demande, à croire que la malchance me poursuit !
- Permettre à la personne de dire ses besoins est un excellent exercice de remise à niveau de la manière de demander. (C’est un « jeu » que vous pouvez lui proposer, en faisant attention à ne répondre qu’à des demandes que vous pouvez honorer dans un laps de temps très court. Si vous ne pouvez pas honorer la demande, dites-lui la raison qui fait que vous ne pouvez accéder à celle-ci. C’est souvent par ce biais que la personne va prendre conscience qu’elle demande la lune ou qu’elle demande de recevoir quelque chose qui est vert alors que son souhait est de recevoir quelque chose qui est jaune).
C’est pas ma faute si je suis malheureux/se, que voulez-vous, j’ai jamais eu de chance dans ma vie !
- C’est la position de la personne défaitiste à souhait. Lui faire reconnaître par A + B qu’elle a eu des moments de chance ou des moments de bonheur dans sa vie, ne sert, malheureusement, à rien.
- Ecouter ce que vous percevez comme des jérémiades en essayant d’entendre la souffrance que vit la personne est déjà un pas vers la compréhension.
Ces quelques pistes ne vont pas faire de vous un fin psychologue, mais vous permettre d’être simplement une personne qui a su écouter et, qui sait, permettre à l’autre de conscientiser que bien souvent, la chance n’est pas le facteur déterminant pour se sentir heureux, heureuse.
A bientôt pour découvrir un autre frein.